Le ton est donné : l’année 2013 va être difficile ! Les dirigeants européens le répètent avec insistance : la crise perdure ; les entreprises souffrent ; le baril de pétrole s’installe à plus de 100 dollars ; la précarité énergétique progresse ; la dégradation de la biodiversité ne connaît pas de répit ; la pauvreté ne fait que s’aggraver. Conséquence directe ou indirecte, le repli sur soi, la violence et les conflits s’exacerbent. Le constat est dur à l’aube de cette nouvelle année… Mais y-a-t-il du nouveau dans cette description peu reluisante de l’état de notre monde ? Pas vraiment. Cette permanence des constats ne cache-t-elle pas - de plus en plus mal d’ailleurs - le manque de courage des décideurs politiques à engager les changements nécessaires pour faire évoluer notre modèle de société ?
En 2012, la majorité des françaises et des français ont soutenu la promesse qui nous était faite « Le changement, c’est maintenant »… même si le sens de ce changement n’était pas précisément défini. Il y a eu ensuite les engagements de la conférence sociale puis ceux de la conférence environnementale. Des chantiers ont été ouverts. Celui de la transition énergétique n’est pas le moindre. Le débat qui s’est progressivement organisé à la fin de l’année dernière va nous faire entrer rapidement dans le vif des questions qui s’imposent à nous : Quelle est la réalité de nos besoins en énergie ? Comment évolueront nos modes de vie ? Comment nous déplacerons-nous ? Quelles solutions de production énergétique seront-nous prêts à soutenir en connaissance des avantages et des inconvénients de chacune des options proposées ?
Si la mise en route de ce débat est apparue laborieuse, nous devons noter que les éditoriaux de la fin de l’année ont fait une place progressivement croissante à la nécessité de cette transition et à son potentiel bénéfice pour la société et pour l’économie. Conjointement, des questionnements de plus en plus précis ont été exprimés à l’égard des fondamentaux historiques de notre politique énergétique. Certes, les faits encouragent ces interrogations : dérapage des coûts de l’EPR de Flamanville qui passent de 3,2 à 8,5 milliards ; problèmes récurrents de fiabilité de la sûreté des centrales nucléaires révélées par l’accident de Fukushima ; impacts environnementaux de l’exploitation des gaz de schistes aux Etats Unis et rentabilité biaisée de cette exploitation largement subventionnée ; remise en cause de l’intérêt intrinsèque de certaines infrastructures programmées il y a plusieurs décennies…
On se prend donc à rêver que le changement serait effectivement possible, que nous serions en passe de nous libérer du carcan des idées reçues et de la propagande que nous avons tous subit depuis des années, et dont le seul objet était de justifier une politique énergétique dessinée autoritairement au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Il semble bien qu’au plus haut de l’Etat, que dans les grandes entreprises, et dans les collectivités territoriales on admette aujourd’hui que cette politique DOIT changer.
Rêvons donc que le grand débat national sur la transition énergétique ouvre la possibilité d’un changement radical en la matière. Rêvons qu’il soit possible de raisonner d’abord nos besoins en énergie pour, ensuite seulement, imaginer les solutions techniques pour couvrir ces besoins. Rêvons qu’il devienne acceptable de sortir du système hyper-centralisé dans lequel nous sommes encore coincés. Rêvons que déconcentration, diversification et décentralisation s’imposent comme les maîtres mots d’une nouvelle politique énergétique, plus soutenable, plus solidaire, plus efficace. Rêvons que nous puissions nous rassembler autour des enjeux communs : sécurité d’approvisionnement énergétique, coût de l’énergie pour les usagers – entreprises, collectivités ou particuliers ; réduction du déficit commercial – dont les importations d’énergie sont responsables à 85% ; prise en compte des enjeux environnementaux du local au global... Rêvons enfin que nous sachions construire ensemble les solutions qui nous permettront de tirer tous les bénéfices de cette transition énergétique.
Ayant rêvé l’avenir pour ne pas avoir à le subir, nous pourrons alors encourager nos décideurs à mettre en œuvre ces changements et leur demander de faire enfin preuve de courage, car sans courage, il n’y aura pas de changement !
La 2ème réunion du Conseil national du débat sur la transition énergétique qui s’est tenue le 13 décembre a permis d’apporter des précisions importantes sur les règles de conduite du débat. Mathieu Orphelin représentant la Fondation Nicolas Hulot l’a souligné : « Les choses avancent et nous en sommes satisfaits ! ». D’autres, en revanche, déclarent leur impatience d’entrer dans le « vif du sujet ». Je pense, pour ma part, que nous sommes déjà dans le débat. Les discussions compliquées sur la gouvernance ou le calendrier des travaux, ne sont en fait qu’une première illustration des confrontations de positions qui se préparent.
Deux faits alimentent cette observation.
Le débat sur la liste des experts.
Un groupe d’experts (composé d’une quarantaine de personnes : économistes, énergéticiens, climatologues et juristes) a été constitué pour répondre aux questions techniques formulées par le Conseil National du débat (CNDTE). Ce groupe devra, dans un premier temps, proposer une analyse rigoureuse des scénarios de transition énergétique disponibles et présenter deux ou trois visions différentes de ce que pourrait être l’avenir énergétique de notre pays.
Le Conseil a progressé en admettant qu’un expert neutre n’existe pas. Comme chacun d’entre nous, un expert est en effet emprunt d’une formation, d’une culture, d’une histoire, et d’un parcours qui oriente nécessairement ses perceptions et ses références. Dès lors, plutôt que de parler de neutralité, le CNDTE cherche à constituer une liste « équilibrée ».
Chacun fait alors ses propres calculs en recensant les experts proches de ses positions. Bien évidemment le comptage de la CGT, reste éloigné de celui que fait le Réseau pour la Transition Energétique, RTE nouveau nom en forme de clin d’œil du Comité de liaison des énergies renouvelables. Ces comptes d’apothicaires démontrent les craintes de ceux qui redoutent des analyses biaisées et les inquiétudes des autres qui attendent que leurs intérêts spécifiques ne soient pas oubliés. Mais ces polémiques ne nous mènerons pas très loin. D’une part, il nous faut faire confiance aux capacités d’analyse du Conseil national du débat. En effet, si cette assemblée ne peut rentrer dans le détail de l’analyse technique, gageons qu’elle saura repérer les incohérences, les jugements biaisés et les raccourcis fâcheux et qu’elle renverra les experts à leur copie s’ils fournissent un travail « orienté ». D’autre part, s’il est nécessaire de se border sur les mérites technologiques et économiques de telle ou telle option, il serait tout aussi important de s’intéresser à la sociologie du changement et aux ressorts psychologiques qui devront être activés pour encourager ce changement.
Plutôt que de compter les experts pro ou antinucléaires faisons donc plus de place aux sociologues. Car pour convaincre les françaises et les français que la transition énergétique est non seulement nécessaire mais qu’elle est souhaitable et qu’elle leur sera profitable, il va falloir comprendre ces ressorts du changement et saisir les logiques les plus adaptées pour les promouvoir.
Un groupe d’experts (composé d’une quarantaine de personnes : économistes, énergéticiens, climatologues et juristes) a été constitué pour répondre aux questions techniques formulées par le Conseil National du débat (CNDTE). Ce groupe devra, dans un premier temps, proposer une analyse rigoureuse des scénarios de transition énergétique disponibles et présenter deux ou trois visions différentes de ce que pourrait être l’avenir énergétique de notre pays.
Le Conseil a progressé en admettant qu’un expert neutre n’existe pas. Comme chacun d’entre nous, un expert est en effet emprunt d’une formation, d’une culture, d’une histoire, et d’un parcours qui oriente nécessairement ses perceptions et ses références. Dès lors, plutôt que de parler de neutralité, le CNDTE cherche à constituer une liste « équilibrée ».
Chacun fait alors ses propres calculs en recensant les experts proches de ses positions. Bien évidemment le comptage de la CGT, reste éloigné de celui que fait le Réseau pour la Transition Energétique, RTE nouveau nom en forme de clin d’œil du Comité de liaison des énergies renouvelables. Ces comptes d’apothicaires démontrent les craintes de ceux qui redoutent des analyses biaisées et les inquiétudes des autres qui attendent que leurs intérêts spécifiques ne soient pas oubliés. Mais ces polémiques ne nous mènerons pas très loin. D’une part, il nous faut faire confiance aux capacités d’analyse du Conseil national du débat. En effet, si cette assemblée ne peut rentrer dans le détail de l’analyse technique, gageons qu’elle saura repérer les incohérences, les jugements biaisés et les raccourcis fâcheux et qu’elle renverra les experts à leur copie s’ils fournissent un travail « orienté ». D’autre part, s’il est nécessaire de se border sur les mérites technologiques et économiques de telle ou telle option, il serait tout aussi important de s’intéresser à la sociologie du changement et aux ressorts psychologiques qui devront être activés pour encourager ce changement.
Plutôt que de compter les experts pro ou antinucléaires faisons donc plus de place aux sociologues. Car pour convaincre les françaises et les français que la transition énergétique est non seulement nécessaire mais qu’elle est souhaitable et qu’elle leur sera profitable, il va falloir comprendre ces ressorts du changement et saisir les logiques les plus adaptées pour les promouvoir.
Le groupe de contact des entreprises de l’énergie
L’autre illustration de ce « débat avant le débat » concerne les difficultés rencontrées pour préciser les contours du « groupe de contact des entreprises de l’énergie ». L’instauration de ce groupe, en complément de la représentation des entreprises au Conseil national du débat sur la transition énergétique, a été demandée avec insistance par le MEDEF dès la clôture de la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre. Depuis, les représentants des entreprises cherchent à configurer un dispositif qui réponde aux attentes de leurs mandants. L’objectif semble bien difficile à atteindre.
La proposition la plus judicieuse serait, il me semble, de ne mettre dans ce « groupe de contact » que les entreprises qui ont une responsabilité directe dans la fourniture des services de l’énergie aux consommateurs, qu’ils soient des particuliers, des institutions ou des entreprises. Ce groupe aurait alors deux composantes : d’un côté les producteurs, transporteurs, distributeurs, fournisseurs et stockeurs d’énergie ; de l’autre, les acteurs engagés dans la production d’équipement et de services contribuant à la maîtrise des consommations d’énergie par la sobriété ou l’efficacité. Ce groupe pourrait alors être sollicité pour commenter les propositions retenues par le Conseil national. Il aurait pour mission de dire ce qui est possible aujourd’hui, ce qui serait possible demain et qu’elles seraient les conséquences des propositions avancées en terme d’évolution de l’emploi, de besoin d’investissement et de prix des services de l’énergie rendu aux consommateurs.
Mon raisonnement est fondé sur une logique assez simple : ce sont ces entreprises là qui seront en première ligne pour mettre en œuvre la transition énergétique, c’est donc aussi à elles de dire comment elle peuvent concrétiser les ambitions collectives.
Mais cette proposition ne semble pas satisfaire le MEDEF qui souhaite, au contraire, mettre dans ce « groupe de contact » les entreprises qui produisent de l’énergie et celles qui en consomment… Dans cette approche, siègeraient ici toutes les entreprises ! Le MEDEF argumente ce choix en soulignant que l’énergie est stratégique pour toutes les entreprises et qu’il faut, absolument prendre en compte les plus grosses consommatrices (production d’aluminium, cimenterie, chimie,…). D’autres, dont je fais parti, voient dans cette argumentation une façon de peser sur le débat en présentant l’intérêt des entreprises comme un intérêt supérieur à celui des particuliers et plus généralement à celui de intérêt collectif qui intègre aussi les enjeux environnementaux, la solidarité sociale et la protection du pouvoir d’achat de tous.
L’autre illustration de ce « débat avant le débat » concerne les difficultés rencontrées pour préciser les contours du « groupe de contact des entreprises de l’énergie ». L’instauration de ce groupe, en complément de la représentation des entreprises au Conseil national du débat sur la transition énergétique, a été demandée avec insistance par le MEDEF dès la clôture de la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre. Depuis, les représentants des entreprises cherchent à configurer un dispositif qui réponde aux attentes de leurs mandants. L’objectif semble bien difficile à atteindre.
La proposition la plus judicieuse serait, il me semble, de ne mettre dans ce « groupe de contact » que les entreprises qui ont une responsabilité directe dans la fourniture des services de l’énergie aux consommateurs, qu’ils soient des particuliers, des institutions ou des entreprises. Ce groupe aurait alors deux composantes : d’un côté les producteurs, transporteurs, distributeurs, fournisseurs et stockeurs d’énergie ; de l’autre, les acteurs engagés dans la production d’équipement et de services contribuant à la maîtrise des consommations d’énergie par la sobriété ou l’efficacité. Ce groupe pourrait alors être sollicité pour commenter les propositions retenues par le Conseil national. Il aurait pour mission de dire ce qui est possible aujourd’hui, ce qui serait possible demain et qu’elles seraient les conséquences des propositions avancées en terme d’évolution de l’emploi, de besoin d’investissement et de prix des services de l’énergie rendu aux consommateurs.
Mon raisonnement est fondé sur une logique assez simple : ce sont ces entreprises là qui seront en première ligne pour mettre en œuvre la transition énergétique, c’est donc aussi à elles de dire comment elle peuvent concrétiser les ambitions collectives.
Mais cette proposition ne semble pas satisfaire le MEDEF qui souhaite, au contraire, mettre dans ce « groupe de contact » les entreprises qui produisent de l’énergie et celles qui en consomment… Dans cette approche, siègeraient ici toutes les entreprises ! Le MEDEF argumente ce choix en soulignant que l’énergie est stratégique pour toutes les entreprises et qu’il faut, absolument prendre en compte les plus grosses consommatrices (production d’aluminium, cimenterie, chimie,…). D’autres, dont je fais parti, voient dans cette argumentation une façon de peser sur le débat en présentant l’intérêt des entreprises comme un intérêt supérieur à celui des particuliers et plus généralement à celui de intérêt collectif qui intègre aussi les enjeux environnementaux, la solidarité sociale et la protection du pouvoir d’achat de tous.
Je vois derrière cette « tension » un réelle difficulté pour le MEDEF a proposé une représentation équilibrée des intérêts de tous ces membres. Une sorte de fracture apparaît dans le monde économique entre « les avantages pour tous et les inconvénients pour certains » de cette transition énergétique de plus en plus inéluctable. Les entreprises qui travaillent pour l’efficacité et la sobriété, celles qui développent des réseaux intelligents, celles qui font le pari des énergies renouvelables attendent de ce grand débat qu’il ouvre de nouvelles perspectives, qu’il montre que l’on peut accélérer les mutations pour une sortie par le haut de la triple crise – économique, sociale et écologique - qui mine notre société. Celles qui jusqu’à maintenant fournissaient de l’énergie sont confrontées par les incitations à la sobriété et à l’efficacité à un changement de paradigme qui deviendra de plus en plus réel avec le débat sur la transition énergétique.
On comprend mieux ainsi la difficulté du MEDEF à rassembler ces intérêts divergents. Pourtant, il faudra bien reconnaître ces attentes diverses pour les combiner dans le projet collectif que devra porter notre pays pour faire face aux enjeux incontournables auxquels nous sommes confrontés.
Sous-couvert de réglages des modes de fonctionnement, nous sommes bien entrés dans le débat… et c’est tant mieux.
On comprend mieux ainsi la difficulté du MEDEF à rassembler ces intérêts divergents. Pourtant, il faudra bien reconnaître ces attentes diverses pour les combiner dans le projet collectif que devra porter notre pays pour faire face aux enjeux incontournables auxquels nous sommes confrontés.
Sous-couvert de réglages des modes de fonctionnement, nous sommes bien entrés dans le débat… et c’est tant mieux.
Me voilà donc embarqué dans le Comité de pilotage du débat national sur la transition énergétique. Après avoir, avec quelques collègues, investi – spontanément et à titre bénévole – pour contribuer à la préparation de ce débat et en cerner, autant que possible, les conditions de réussite, nous avons eu le plaisir de constater que la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre avait retenu la plupart des recommandations que nous avions formulées concernant l’organisation de ce débat. Sollicité par la Ministre Delphine Batho, j’ai accepté de siéger dans ce Comité qui devra veiller à la qualité des échanges, à la transparence du débat et à la prise en compte de tous les points de vue, et je l’ai fait pour deux raisons.
La première est que ce débat est urgent et nécessaire. La transition énergétique est un impératif pour notre société qui doit réduire significativement ses émissions de gaz à effet de serre, limiter sa dépendance aux ressources énergétiques importées (pétrole, gaz, uranium) et assurer, au meilleur coût, l’approvisionnement en énergie des ménages, des entreprises, des collectivités et des services publics. L’ampleur des mutations à engager impose de mettre en débat, entre tous les acteurs de la société, les choix qui devront être opérés. Car, au delà des options techniques et organisationnelles, c’est bien d’un nouveau projet de société que nous devrons débattre, d’un projet où les maîtres mots seront sobriété et efficacité et où la structure de la production d’énergie pour satisfaire nos besoins maîtrisés, aura été complètement redéfinie, entre autre pour faire plus de place aux systèmes déconcentrés et décentralisés. Cet enjeu sur le fond est indissociable d’une réussite du débat comme processus démocratique.
Là est la seconde raison de ma participation. En effet, il reste à faire dans notre pays la démonstration qu’il est possible de débattre sereinement d’un sujet complexe en évitant que les échanges ne soient confisqués par les « experts » et qu’au contraire chaque acteur de la société s’implique et participe pour faire état de ses attentes, de ses propositions et de ses possibles engagements. Le débat national sur la transition énergétique pourrait être un grand moment de démocratie participative.
Je suis donc particulièrement heureux de pouvoir contribuer à la concrétisation de cette double ambition : dessiner la transition énergétique urgente et nécessaire, et expérimenter une forme de concertation publique sur un sujet complexe pour faire progresser la capacité de délibération collective dans notre société.
Je suis donc particulièrement heureux de pouvoir contribuer à la concrétisation de cette double ambition : dessiner la transition énergétique urgente et nécessaire, et expérimenter une forme de concertation publique sur un sujet complexe pour faire progresser la capacité de délibération collective dans notre société.
Certes la tâche n’est pas simple. Nous devrons installer les conditions d’une mise en mouvement de la société autour d’un projet mobilisateur en proposant un cadre de débat ouvert, associant fortement les acteurs, les territoires et les citoyens, pour favoriser l’appropriation des enjeux de la transition énergétique et donc l’implication du plus grand nombre. Nous devrons partager, aussi largement que possible, l’état des lieux des enjeux environnementaux, industriels, économiques et sociaux de la mise en œuvre de la transition énergétique. Nous devrons identifier les contraintes à court et à long terme, pour faire émerger des choix conformes à l’intérêt général et fixer les objectifs de sobriété et d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables pour construire collectivement une vision d’avenir commune donnant un sens positif à la transition énergétique. Surtout il faudra instaurer un climat de confiance sur le respect des intérêts en présence, afin de consolider l’engagement des acteurs, des citoyens et des décideurs dans la mise en œuvre de la transition énergétique. Cette « pacification initiale » sur un sujet qui fait, en règle générale, l’objet d’oppositions frontales et de confrontations tournant souvent à la caricature, est absolument essentielle. Si déjà nous pouvions, à l’issue du débat, constater que les acteurs ont appris à échanger dans la sérénité, qu’ils se sont mis d’accord sur un certains nombres de faits jusque là contestés, alors nous auront déjà fait un bon bout de chemin. En effet, ce n’est pas au cours des 7 mois du débat que nous pourrons arrêter toutes les options pour consolider une trajectoire de transition énergétique à l’échéance 2050. Nous devrons, dans les années qui viennent revenir à la table de négociation et il est donc essentiel que nous construisions les conditions d’un échange durablement pacifié.
La difficulté de ce débat est aussi de nous placer dans une perspective de long terme, alors que tout – nos contraintes quotidiennes, la gravité des urgences écologiques et sociales du moment, la pression de projets qui apparaissent contraire à ce que nous voudrions construire à moyen et long terme – nous pousse à nous focaliser sur le court terme. La transition énergétique repose sur une vision d’avenir qui place la question des services rendus par l'énergie au centre de la réflexion. Aussi, nos débats devront intégrer la dimension européenne et internationale des enjeux de la transition, et s’ouvrir à ce titre à la participation d’acteurs au delà du champ franco-français.
Les débats devront se structurer d’abords autour de l’analyse des besoins de notre société en énergie en valorisant tous les potentiels de sobriété et d’efficacité, pour ensuite, et ensuite seulement, traiter les options possibles et souhaitables pour la couverture de ces besoins maîtrisés. Dans cette analyse des différentes options concernant l'évolution du mix énergétique, nous devrons alors aborder avec attention la question de l'évolution des emplois. Si nous perdons des emplois dans certains secteurs, nous en gagnerons dans d'autres. Nous devrons donc raisonner en "bilan net en emplois". Nous devrons surtout anticiper les mutations de compétences qu'il faudra accompagner. La bonne nouvelle est que la transition ne se fera pas en 2 mois ni en 2 ans mais plutôt en 2 ou 3 décennies : un espace temps qui, si nous anticipons correctement, permettra de gérer les transformations nécessaires sans drames sociaux.
Surtout le débat devra intégrer la dimension temporelle des choix à opérer, et relier les efforts et bénéfices communs mis en discussion à court terme, avec la préservation des biens communs à moyen et long terme. L’identification de cette transition d’intérêt général, des marges de manœuvre et des contraintes qu’elle doit intégrer mettra alors en tension les préférences collectives à arrêter entre des options « incontournables » et des options « interdites ». C’est bien cette tension que nous devrons apprendre à gérer collectivement.
Les débats devront se structurer d’abords autour de l’analyse des besoins de notre société en énergie en valorisant tous les potentiels de sobriété et d’efficacité, pour ensuite, et ensuite seulement, traiter les options possibles et souhaitables pour la couverture de ces besoins maîtrisés. Dans cette analyse des différentes options concernant l'évolution du mix énergétique, nous devrons alors aborder avec attention la question de l'évolution des emplois. Si nous perdons des emplois dans certains secteurs, nous en gagnerons dans d'autres. Nous devrons donc raisonner en "bilan net en emplois". Nous devrons surtout anticiper les mutations de compétences qu'il faudra accompagner. La bonne nouvelle est que la transition ne se fera pas en 2 mois ni en 2 ans mais plutôt en 2 ou 3 décennies : un espace temps qui, si nous anticipons correctement, permettra de gérer les transformations nécessaires sans drames sociaux.
Surtout le débat devra intégrer la dimension temporelle des choix à opérer, et relier les efforts et bénéfices communs mis en discussion à court terme, avec la préservation des biens communs à moyen et long terme. L’identification de cette transition d’intérêt général, des marges de manœuvre et des contraintes qu’elle doit intégrer mettra alors en tension les préférences collectives à arrêter entre des options « incontournables » et des options « interdites ». C’est bien cette tension que nous devrons apprendre à gérer collectivement.
Bruno Rebelle |
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Directeur de Transitions, agence conseil en développement durable Ancien responsable de Greenpeace en France et à l'international |
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| Par Bruno REBELLE | Mercredi 2 Janvier 2013 à 13:32 | 0 commentaire