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"Face aux crises, une solution : la conversion écologique et sociale de notre société"

Billets / Tribunes

| Par Bruno REBELLE | Jeudi 21 Avril 2011 à 09:14 | 0 commentaire

Les manifestations des antinucléaires indiens, opposés à la construction d’une méga centrale à proximité de Jaïtapur, ont été confrontées ce lundi 18 avril à une répression violente. Une nouvelle fois, la répression du mouvement antinucléaire a tué un citoyen dont la seule faute aura été d’exprimé son opposition à cette industrie mortifère. Ce fait dramatique démontre une nouvelle fois que le nucléaire n’est pas compatible avec le débat démocratique. Il démontre aussi que le nucléaire tue avant même que ses installations entrent en service.


En Inde, le nucléaire tue avant même l'accident
Le nucléaire tue. On le savait du nucléaire militaire depuis Nagasaki et Hiroshima. On le sait du nucléaire civil depuis Tchernobyl. Certains peinent à l’admettre, mais le nucléaire tue aussi, à petit feu, dans notre pays, prétendument référence mondiale de la sécurité industrielle dans ce secteur. De nombreux observateurs ont dénoncé la gestion désastreuse des travailleurs intérimaires considérés comme « chair à rayons » par analogie avec la chair à canon de la grande guerre.

D’autres ont un peu vite oublié, qu’avant même les incidents et accidents dans différentes centrales, le nucléaire avait déjà tué, en France, un citoyen dont le seul défaut était aussi d’exprimer son opposition à la construction du surgénérateur de Creys Malville à quelques kilomètres de Lyon. J’étais ce 31 juillet 1997 au milieu des dizaines de milliers de militants antinucléaires rassemblés autour du site. Je me rappelle les hélicoptères larguant les bombes lacrymogènes sur le rassemblement pacifique, les charges de CRS bottés et casqués arrivant de toute part. Les hurlements de sirène et l’évacuation de Vital Michalon foudroyé par une grenade anti émeute tirée à tir tendu. L’état était passé en force. Superphénix n’aura produit de l’électricité que pendant 11 mois pendant les 11 années de sa vie industrielle. En 1997, l’entrée des écologistes au gouvernement de Lionel Jospin a marqué l’arrêt de l’exploitation de cette centrale qui devait révolutionner l’industrie nucléaire. En 2011, le démantèlement des installations avance pas à pas.


Un mort pour rien, probablement pas. Car la manifestation de Creys Malville aura galvanisé le mouvement antinucléaire européen. Un mouvement qui depuis le début des années 80 ne fait que répéter certaines évidences qui deviennent progressivement réalité par la brutalité des faits. Petit à petit le public et les décideurs admettent que le nucléaire n’est pas cette solution miracle qu’on a cherché à nous vendre. Nous ne sommes pas plus indépendants énergétiquement qu’avant le lancement du programme nucléaire. Le prix de notre électricité augmente et rattrapera bientôt celle de nos voisins européens. Les déchets s’accumulent, ils restent dangereux pendant des dizaines de milliers d’année et personne n’a de solution sérieuse pour résoudre cette équation.

Remarquez par exemple, que plus d’un mois après le terrible tsunami du 11 mars 2011, les observateurs internationaux, les spécialistes des politiques énergétiques et les medias – français notamment – admettent, enfin, qu’il faudra des mois pour « reprendre le contrôle » de la centrale de Fukushima, que le territoire autour de l’installation est condamné au désert humain pendant des décennies et que les environnements terrestre et marin seront pollués pour des milliers d’années.
Comment dans ce contexte, peut on accepter la répression qui tue les opposants à la centrale de Jaitapur en Inde. Pour ma part je ne l’accepte pas. J’accepte encore moins que l’industriel promoteur de cette installation soit – surprise, surprise ! – notre champion national AREVA et qu’il soit appuyé sans concession par l’Etat français.

La patrie des droits de l’Homme ne peut continuer à être le pays du nucléaire.

Bruno REBELLE

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