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"Face aux crises, une solution : la conversion écologique et sociale de notre société"

Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Mercredi 5 Janvier 2011 à 13:00 | 0 commentaire
Hésitations non durables
La fin de l’année 2010 a été marquée par la valse hésitation du gouvernement sur les modalités d’accompagnement du développement de la filière photovoltaïque. Une mauvaise valse, dont le dernier temps est un temps d’arrêt. Un coup de semonce pour une industrie en devenir a qui on annonce soudainement qu’un brouillard à couper au couteau étouffe toute exercice de prospective.

Bien sûr il fallait revoir certaines règles, certains tarifs et certaines exonérations d’impôts. Mais pourquoi diable le faire avec autant de brutalité et surtout aussi peu de perspective. Tant de choses ont été dites sur le sujet, tant de critiques ont été formulées qu’on aurait pu penser que le gouvernement comprendrait qu’il y avait au delà du sujet technique un problème de méthode. Et bien non, une fois de plus l’autisme gouvernemental le plus crasse aura repris le dessus et début 2011 on remet cela dans un autre domaine.

Cette fois ce sont les aides à la conversion en agriculture biologique qui sont amputées. Si un des arguments pour mettre un coup d’arrêt au développement du solaire était que la France aurait déjà atteint voire dépasser ses objectifs de développement dans le photovoltaïque - objectifs pourtant très en deçà des capacités réelles et surtout des pratiques des pays voisins – rien de tel pour le bio.

Certes le taux de conversion d’exploitation en bio a très fortement progressé ces deux dernières années mais la production française est encore très loin de répondre à la demande également croissante.

Au delà des débats stratégiques et des arguties techniques sur les fausses bonnes raisons de ces mesures dites d’économies, il convient surtout de souligner l’incohérence de politiques dénuées de toute continuité alors même qu’elles sont sensées accompagnées des transformations de long terme.

L’industrie du photovoltaïque ne peut se développer en un an. Comment peut on se plaindre que les panneaux solaires sont construits en Chine et prendre des mesures qui refrènent l’implantation d’une usine de fabrication sur l’Ecoparc de Blanquefort à coté de Bordeaux, les investisseurs ayant été logiquement refroidis par l’effondrement des mesures de soutien à l’installation de panneaux photovoltaïques. Comment passer sous silence les dizaines de milliers d’emplois, dans les secteurs connexes de l’équipement et de l’installation, des emplois non délocalisables qui se trouvent en souffrance du fait de l’absence de progressivité dans les changements des règles du jeu économique.

De la même façon, la conversion d’une exploitation agricole en agriculture biologique est un processus long qui demande au moins 3 ans d’engagement. C’est aussi un processus qui nécessite une visibilité sur le marché à moyen et long terme.

Comment engager la mutation écologique et sociale de l’économie dans un contexte où le gouvernement dit blanc hier et noir aujourd’hui. Il ne sert à rien de souligner les ambitions du Grenelle environnement et de faire l’apologie de l’économie verte, si on accompagne pas ces déclarations de la cohérence nécessaire sur le moyen et le long terme.

Il est grand temps de sortir de la gestion du quotidien et de passer à la mise en perspective. Gouverner c’est prévoir, gouverner c’est accompagner les changements de long terme…
Ce n’est pas l’image qui nous est donnée aujourd’hui où la Ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko Morizet semble passer plus de temps à gérer les stocks de glycol des aéroports parisiens qu’à tracer les perspectives qui donneront aux entreprises qui font le pari d’une mutation profonde de leurs pratiques, la visibilité et la sécurité dont elles ont besoin.


Bruno Rebelle

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Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Mercredi 5 Janvier 2011 à 12:52 | 0 commentaire
2011 : Indignation émerveillée
Je vous présente à tous et toutes mes meilleurs vœux pour vous, vos familles, vos proches et vos projets. Après 2010 et la « sobriété heureuse », je vous invite à porter en 2011 l'ambition d'une "indignation émerveillée".

Indignation car l'état de déliquescence sociale, écologique et morale de notre société appelle à la révolte quotidienne. Une révolte sans complaisance pour traquer les raccourcis fâcheux, les mensonges structurels, les hypocrisies récurrentes et les hésitations coupables.

Émerveillée car dans cette situation très préoccupante, il est encore possible de s'émerveiller de certaines beautés encore préservées du monde, et de s’émerveiller plus encore de la richesse des relations humaines. Nous prendrons alors conscience que dans ce monde de ressources finies ces richesses constitueront un nouvel infini dont l’exploitation sera sans aucun doute durable.

Ne vous y méprenez pas ces vœux ne sont pas des vœux pessimistes. Certes l’indignation est pessimiste si elle ne débouche pas sur l’action. L’émerveillement peut n’être que contemplatif s’il ne se prolonge pas par l’implication.

Je fais le pari que l’indignation, stimulée par l’émerveillement, est un encouragement permanent à la construction de solution, sans complaisance et avec la conviction que le temps des constats est dépassé et qu’il faut maintenant prendre le risque d’inventer de nouvelles pratiques, prendre le risque aussi d’aller chercher les ennemis d’hier pour les pousser sur le chemin du changement.

Je fais aussi le pari que l’émerveillement, toujours en danger par ce qui nous doit nous indigner, est un stimulant majeur pour sortir de la critique – utile et nécessaire – et accélérer par tous les moyens, en tous lieux et toutes circonstances la mutation écologique et sociale de notre société.

Alors, pas de temps à gaspiller. Aux actes citoyens !

Bruno Rebelle

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Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Mardi 14 Décembre 2010 à 10:43 | 0 commentaire

Tribune publiée le 14 décembre dans Libération


Le Mondial au Qatar ou l’ineptie vue du ciel
Le télescopage d’informations peut être choquant : Alors que s’ouvrent les négociations sur le climat à Cancun, on apprend que c’est le Qatar qui organisera en 2022 la coupe du monde de football… Je ne connais rien au ballon rond et je laisse à d’autres le soin de commenter la pertinence de ce choix. Mais, en écologiste déterminé je ne peux laisser passer un tel projet au regard des enjeux planétaires auxquels nous sommes tous – qataris inclus – confrontés. Je peux encore moins ignorer le soutien qu’apporte Yann Arthus Bertrand au projet.

En superficie et population le Qatar équivaut à trois départements français. Différence notoire, il y fera, au moment de la coupe du monde, plus de 50°C, un handicap sérieux pour jouer au foot. On nous annonce donc, sans rire, que les 9 stades construits pour l’occasion seront entièrement climatisés. C’est probablement parce que la climatisation sera à base d’énergie solaire que notre photographe héliporté apporte son soutien au Qatar.

A priori, promouvoir la climatisation solaire d’équipements collectifs est écologiquement correct… L’ineptie n’est pas là.

Il faut, pour mesurer l’inconséquence du projet, prendre de la hauteur, ce que notre spécialiste des vues du ciel aura peut être oublié. C’est l’idée de construire 9 stades dans un pays de 1,6 millions d’habitants qui en compte déjà 3, qui n’a aucun sens. Les organisateurs ont vu le piège et ont inventé le « stade à usage unique ». Les équipements seront donc démontés pour être ensuite réinstallés dans des pays insuffisamment équipés… L’intention est généreuse, mais elle n’est pas écologiquement supportable. Si l’on fait un bilan carbone de l’investissement, incluant les matériaux de construction, les consommations d’énergie pour le montage, le démontage, le transport « en kit » et le remontage dans les pays d’accueil, on se rendra vite compte que l’utilisation du solaire pour la climatisation ne réduirait que très marginalement l’énorme impact sur le climat de ce projet.

On me rétorquera que ces réalisations constituent un bon laboratoire pour développer de nouvelles solutions. Mais cette critique de la critique ignore qu’il n’est plus nécessaire aujourd’hui de tester les technologies solaires qui sont pour la plupart suffisamment mûres. En revanche, il est grand temps d’investir pour développer les énergies renouvelables – comme le soleil et le vent – pour alimenter de manière pérenne les écoles, les hôpitaux, les services publics, ou les habitations.

Nous pourrions aussi souligner la demande en eau que génère une coupe du Monde, surtout en plein désert… Cette eau, il faudra soit la faire venir à grand frais d’on ne sait où, soit la produire par désalinisation là aussi très consommatrice d’énergie.

Une autre indécence mérite d’être soulignée. Le projet coûtera 50 milliards de dollars. Bien sur, cette manne aurait pu être orientée vers autre chose qu’un investissement à usage unique. Mais surtout on peut craindre que l’énorme chantier ne change pas grand chose aux pratiques sociales dans les pays du Golfe où la main d’œuvre pakistanaise, indienne ou chinoise est surexploitée : salaires de misère, logements dans des conteneurs métalliques, véritables fours posés en périphérie des villes, négations des droits élémentaires. Le durable c’est aussi veiller à ce que le développement favorise l’épanouissement des individus… de tous les individus. La vue du ciel que nous propose régulièrement Arthus Bertrand, ne devrait pas faire abstraction de cette dimension humaine.

Ma critique ne vise pas à priver les qataris de Coupe du Monde. L’alternative pourrait être de penser l’événement à l’échelle régionale pour valoriser des équipements existants, répartir les investissements, proposer un travail décent aux acteurs locaux. On démontrerait ainsi que la fête du foot peut répondre aux enjeux modernes : équité sociale et territoriale, économie de ressources, protection du climat… préoccupations qui constituent le nouvel impératif de tout grand projet.

Ma critique est aussi tournée vers Yann Arthus Bertrand qui, fort de son aura médiatique, devrait être plus précautionneux des soutiens qu’il apporte. Nul ne critique le travail du photographe et la puissance des images qui forcent l’engagement. Mais les mots qui accompagnent ces images doivent faire sens et le militantisme dont se revendique Arthus Bertrand ne peut s’accommoder d’aucune complaisance. Sinon, la promotion du développement durable ne sera qu’une bouffonnerie contreproductive.


Bruno Rebelle

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