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"Face aux crises, une solution : la conversion écologique et sociale de notre société"

Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Lundi 15 Novembre 2010 à 09:47 | 0 commentaire
Un remaniement de renoncement écologiste
Chassez le naturel il revient au galop ! L’adage se confirme une nouvelle fois. Il est vrai que Sarko nous avait déjà prévenu dans son allocation du début de l’année au salon de l’agriculture : l’environnement ça commence a bien faire ! La composition du gouvernement, à peine remanié, atteste de cette régression de la cause écologique dans l’échelle de valeur de la majorité présidentielle.

Et ce n’est pas le nouveau Premier Ministre (vous savez le même qu’avant), dont ont dit qu’il s’est imposé au Président et qu’il aurait donc imposé « son » gouvernement, qui aura œuvré pour maintenir la cause écologique au rang de priorité. Fillon, on le sait, n’a jamais vraiment considéré l’écologie comme un sujet important et n’aura donc pas jugé « important » de prendre en compte la gravité de la crise écologique que nous traversons. Pas plus que ne l’intéresse les critiques concernant la mise en œuvre du Grenelle Environnement, la progression du vote écologiste, la naissance d’un nouveau parti écologiste ce samedi 13 novembre à Lyon ou la progression des mouvements de l’écologie politique dans toute l’Europe.

Deux signes attestent plus particulièrement cette régression de l’écologie dans l’intérêt gouvernemental.

Le premier est bien évidemment la perte du statut régalien du ministère de l’écologie qui n’est plus ministère d’Etat. Qui plus est ce qu’était le premier ministère d’importance après Matignon est relégué au 4ème rang… Plus dramatiquement symbolique sa place est prise par la Défense… Comme si l’enjeu militaire était plus important aujourd’hui que le changement climatique ou l’érosion de la biodiversité. C’est au contraire notre capacité à réduire notre dépendance aux énergies fossiles qui sera un facteur de stabilisation des tensions et des conflits mondiaux. Une fois de plus la Droite pense « à l’envers ».

Le deuxième signe est plus subtil mais probablement plus préoccupant encore. Avec le remaniement, l’énergie sort du périmètre de l’écologie et retourne à Bercy. Jean Louis Borloo avait progressivement grignoté du terrain pour récupérer une bonne partie du sujet. Et même si la tutelle des principales institutions qui pilotent la politique énergétique et la gestion des participations de l’Etat dans les grandes entreprises du secteur est toujours restée à Bercy, le fait d’avoir intégré la Direction générale de l'énergie et des matières premières au sein du MEDDEM était à l’évidence une grande victoire. Ce signe fort soulignait bien qu’il ne peut y avoir de développement durable sans une reconsidération en profondeur de la politique énergétique… Et l’outil de pilotage de cette politique est et restera la DGEMP…

Dans la nouvelle configuration gouvernementale c’est le tristement célèbre, Eric Besson, qui récupère, avec le portefeuille de l’industrie, celui de l’énergie. Il y a fort à parier qu’il aura cœur à réintégrer dans son périmètre cette direction stratégique essentielle. D’autant que les amitiés de Besson avec le lobby nucléaire sont connus. L’ex ministre chargé de l’expulsion des Roms est aussi le maire de Donzères dans le Drôme, commune toute proche de la centrale nucléaire de Cruas. Je me rappelle quelques passes d’armes peu amènes quand j’étais conseillé de la candidate du PS à la Présidentielle et que Monsieur Besson se considérait encore socialistes. Les arbitrages rendus par la candidate, par exemple sur la mise à plat du projet EPR de Flammanville – arbitrages que j’avais fortement orientés – m’ont valu toute sorte d’insultes en directes et de manœuvres indirectes du lobby pronucléaire dont Besson n’est pas le dernier représentant. Il y a donc fort à craindre que la récupération de l’énergie par Eric Besson sous l’autorité de Bercy marque aussi un retour à la « normale » de la politique énergétique qui avait à peine commencer à évoluer… avec toutes les difficultés que l’on sait : coupe sombre dans les crédits d’impôts, rabotage des tarifs, obstacles réglementaires supplémentaires au développement de l’éolien…

De la même façon, il est très regrettable que l’aménagement du territoire disparaisse du champ de compétence de ce ministère. Ce rapprochement avait été obtenu par Dominique Voynet en 1997 et marquait la aussi la nécessaire cohérence entre les choix sectoriel et leur traduction territoriale pour faire émerger des logiques de développement plus durables, plus équitables et plus responsables. La réforme territoriale voulue par Sarkozy n’a jamais considéré ces interactions. Le gouvernement Fillon 2 acte ce renoncement supplémentaire.

La seule bonne nouvelle dans cet embrouillamini de régressions attristantes reste la nomination de NKM à l’écologie. Force est de constater qu’elle au moins connaît son sujet. Mais la compétence suffira-t-elle ? NKM fera-t-elle le poids dans un gouvernement de campagne piloté par un tandem - hyper président et hyper premier ministre – dont ni l’un ni l’autre n’est réellement préoccupé d’écologie ni même intimement convaincu que la crise écologique est le nouvel horizon à dépasser.

Bruno Rebelle

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Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Jeudi 11 Novembre 2010 à 17:28 | 0 commentaire
Le G20 fossilisé
Le G20 se moque bien du changement climatique… et non, le G20 ne fera rien de significatif pour engager une mutation profonde de la politique énergétique mondiale vers les énergies non fossiles… C’était pourtant le sens de l’engagement qu’avaient pris ces « dirigeants du monde » au sommet de Pittsburgh en septembre 2009. Les patrons des vingt premières économies mondiales s'étaient alors engagées à « justifier et éliminer progressivement à moyen terme les subventions aux énergies fossiles inefficaces ». La formulation était déjà très prudente et le caractère « progressif » de l’élimination des subventions néfastes pour le climat laissait du temps pour concrétiser les mesures… Nos chefs d’état n’auront même pas su jouer d’une nouvelle circonvolution pour nous faire croire qu’ils avaient un peu de suite dans les idées
.
J’ai beau cherché dans les comptes rendus qui tombent ici ou la, je ne trouve rien pour expliquer cette incohérence coupable.

D’un côté ils redoublent tous de déclaration d’intentions pour agir, enfin, pour préserver le climat mondial, les générations futures, la planète… Ils ont tous signé, l’an dernier à Copenhague, un engagement assez précis celui-là, prévoyant de mobiliser 100 milliards de dollars chaque année pour faciliter l'adaptation des pays pauvres au changement climatique.

De l’autre coté, alors même qu’ils ont sous la main plus de 300 milliards de subventions par nature néfastes pour le climat, puisqu’elles encouragent l’extraction et la consommation de combustibles fossiles qui aggravent le dérèglement du climat, ils sont incapables de réorienter le tiers de ces subventions vers des projets faisant la part belle aux énergies renouvelables.

Je vois d’ici les empêcheurs de râler en rond nous dire que c’est plus compliqué que cela, qu’il faut voir les effets de ces subventions sur l’emploi et sur l’économie… foutaise, on sait depuis longtemps maintenant que les énergies renouvelables génèrent plus d’emplois, que ces emplois ne sont pas dé-localisables et que cette industrie par son caractère moins concentrée à des effets induits bien plus positif sur l’ensemble de l’économie.

Non décidément je ne vois aucune excuse possible pour ces chefs d’état…

Et au fait qui est le prochain président du G20 ? N’est ce pas notre Sarko, notre écolo national, celui qui nous a vendu le Grenelle Environnement et celui là même qui nous disait qu’on allait voir ce qu’on allait voir à Copenhague l’an dernier… Deux hypothèses possibles : soit Sarkozy n’a finalement pas beaucoup d’influence sur ses pairs ; soit il se fout royalement des enjeux climatiques… soit les deux ! Plus probablement les deux. Tristesse

Bruno Rebelle

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Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Mardi 2 Novembre 2010 à 12:04 | 0 commentaire
Tirer les leçons de la méthode du « Grenelle environnement »
Le sondage qui soulignent que les français plébiscitent à 92% la méthode du Grenelle vient à point nommé pour donner un joli coup de pouce à Borloo dans la négociation de son transfert de l’Hotel de Roquelaure à celui de Matignon…

Ce sondage m’amène à deux réflexions.

La première, pas très originale, pour dire qu’effectivement la méthode Grenelle a du bon au sens où cette architecture du débat à 5 composantes (l’Etat, les collectivités territoriales, les syndicat, le patronat et les associations) a effectivement repoussé les limites des échanges bilatéraux pratiqués classiquement . Elle a de fait conduit les acteurs à produire des recommandations dont certaines sont aujourd’hui traduites en dispositions règlementaires. Mais, la méthode – ou plutôt l’application de la méthode – a aussi connu des failles, la principale étant les délais qui se sont étirés entre la table ronde finale du processus de concertation – fin octobre 2007 –, l’adoption des textes de loi – juillet 2010 -, et leur traduction opérationnelle en décrets d’application dont la plupart restent encore à produire. Nous l’avions dit et redit, c’est dans ce délai prolongé que les lobbyistes de tout bord œuvreraient pour entamer les ambitions initiales du Grenelle… Je crains que les faits ne nous aient donné raison. Le résultat réglementaire et opérationnel est maigre par rapport aux résultats attendus fin octobre 2007. Cependant, ne boudons pas notre maigre plaisir, le processus aura permis des avancées réelles qu’aucun gouvernement, ni de droite, ni de gauche, n’avait su porter auparavant.

Ma deuxième remarque est en fait plus une interrogation. Si l’on admet que la méthode « Grenelle », certes perfectible a du bon, et si l’on reconnaît, par exemple, qu’elle permet de générer des accords entre les différentes parties prenantes du problématique donnée, voire de construire des consensus solides, on se demande bien pourquoi, le gouvernement n’a pas tirer les leçons de la méthode pour l’appliquer à d’autres problématiques sociétales très actuelles. On aurait par exemple pu faire revenir le Grenelle à ses origines et appliquer la méthode à la négociation d’un projet concerté de traitement de la problématique des retraites…

Voilà une feuille de route intéressante pour le possible futur premier ministre et futur ex ministre de l’écologie…!

Bruno Rebelle

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