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"Face aux crises, une solution : la conversion écologique et sociale de notre société"

Billets / Tribunes

| Par Bruno REBELLE | Mardi 8 Novembre 2011 à 02:00 | 0 commentaire

De passage à New York, et partant à la rencontre des militants de OWS - Occupy Wall Street -, je suis tombé sur une manifestation des 99% faisant le lien entre le bas et le haut de Manhattan pour mobiliser la "Grosse Pomme" par les deux bouts. Le contraste devient confrontation quand la manifestation débouche sur Times Square, temple par exemple de la publicité tapageuse au service d'une hyper consommation particulièrement ravageuse...


Occupy Time Square ?
Les manifestations de rue aux Etats Unis n'ont pas grand chose à voir avec les cortèges français. Le regroupement de 200 personnes cheminant de Wall Street à Central Park est perçu à New York comme une grosse mobilisation, quand 100 fois plus de monde dans une manifestation parisienne ferait pâle figure. Mais peu importe le nombre, c'est surtout l'éclectisme des manifestant qui surprend : des jeunes et des moins jeunes, des syndicalistes avertis, casque de chantier rivé sur la tête, et des mères de familles avec enfants, poussettes et cabas, des retraités et des jeunes cadres dynamiques "potentiels". Tous s'assemblent dans un attroupement à la fois bon enfant et très expressif, chacun ou presque y allant de sa pancarte. Ainsi cette femme d'une quarantaine d'année qui défile en reprenant à peine les slogans scandés par ses voisins, mais qui brandi haut et fort un carton sur lequel elle a inscrit avec un mauvais marker : "NY tax payer for 23 years" "Contribuable new-yorkais depuis 23 ans". Un slogan qui dit juste le ras le bol de ces "américains moyens" fatigués de contribuer à un système qui les ignore ou les broie.
Mais la pancarte qui m'aura le plus frappé est celle-ci : "Do not rob the poor just because you can".. "Ne volez pas les pauvres, juste parce que vous le pouvez". Slogan pathétique dirons certain, ou signe profond de rejet du modèle libéral qui justement laisse aux puissants la possibilité de prendre tout ce qu'ils peuvent aux moins puissants.

La longévité de l'occupation de Wall Street est remarquable, surtout quand on la compare aux difficultés rencontrées par les militants français pour tenter l'occupation de l'esplanade de la Défense à Paris, symbole équivalent à la célèbre rue de Manhattan. De la même façon, les sondages (CBS News / New York Times) montrant que 43 % des américains soutiennent les points de vue défendus par les occupants de Wall Street, devraient donner espoir à tous les militants de la transformation écologique et sociale de notre société.

Occupy Time Square ?
Pourtant, il reste difficile d'être optimiste en constatant le fait que la mobilisation garde un caractère très marginal.
La semaine dernière les organisateurs de OWS ont tenté de promouvoir un essaimage du mouvement dans tous le pays. Si l'on peut saluer le fait que près d'une centaine de manifestations ont eu lieu de Chicago à Los Angeles, force est de constater que le nombre de manifestants reste au total très bas pour ce pays de 300 millions d'habitants. Ainsi, à peine une douzaine d'universités ont pris part à la mobilisation. Et même en Californie, que l'on doit considérer comme une référence en matière de démarche progressiste, la State University de Bakersfield n'a pu rassembler plus de 140 étudiants pour un sit-in de quelques heures.

Le contraste auquel j'ai été confronté en croisant à Times Square la manifestation des 99% est édifiant. Quand cette troupe éclectique marche d'un bon pas pour faire le lien entre le bas (Wall Street) et le haut (Central Park) de Manhattan, les passants venus jouir des lumières de Times Square tournent à peine la tête. Certains applaudissent pour soutenir les protestataires, mais la très grande majorité restent concentrés sur l'itinéraire qui les mène inéluctablement vers la galerie marchande la plus proche... Nous sommes et nous restons au coeur du temple de la consommation... Et la publicité étincelante d'une boisson gazeuse devenue le symbole de l'Amérique qui gagne, qui nous propose de "nouvelles façon de penser, de nouvelles possibilités" semble se moquer de ces militants bien désuets dans cet environnement qui célèbre le commerce triomphant.

Reste encore beaucoup à faire pour que cette base des 99% que veulent représenter les occupants de Wall Street se mobilise effectivement et qu'elle donne rapidement corps à un réel mouvement de masse. Gardons l'espoir, en nous rappelant que la démocratie de s'use que si l'on ne s'en sert pas !

Bruno REBELLE

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