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"Face aux crises, une solution : la conversion écologique et sociale de notre société"

Revue de presse

| Par Bruno REBELLE | Mercredi 6 Avril 2011 à 11:49 | 0 commentaire
Par l’intermédiaire du ministère de l’Ecologie, le gouvernement appelle le grand public à changer de comportement à l’occasion de la Semaine du développement durable (1er au 7 avril). A juste titre, note Bruno Rebelle, ancien responsable de Greenpeace en France et à l'international. Mais encore faudrait-il que l’Etat soit exemplaire pour être crédible, fustige-t-il…

Changer tout

Pour sortir de l’enchevêtrement complexe de crises – financière, sociale, écologique – dans lequel nos sociétés modernes se sont enlisées, tout le monde s’accorde pour dire qu’il est indispensable d’adopter, au plus vite, des modes de production et de consommation plus soutenables… Ainsi, en 2011 la semaine du développement durable, nous invite à « changer nos comportements »…

L’injonction est logique, pourtant elle me pose problème.

Certes, nous reconnaissons que chacun de nos actes quotidiens : logement, déplacements, consommation génèrent des impacts plus ou moins importants. Il nous appartient donc de choisir entre monter le chauffage et mettre un petit pull, entre aller chercher le pain à pied et faire un saut en voiture parce que « j’ai la flemme », entre me délecter de haricots verts du Kenya et me rabattre sur le nième gratin de patates de l’hiver !

Certes, j’admets que ces actes individuels mis bout à bout représentent près de 70 % des émissions de gaz à effet de serre de notre pays. Ils représentent aussi la plus grande part des impacts sur les ressources naturelles, la consommation d’eau, la production de déchets…

Mais j’avoue être fatigué de cet appel permanent à la responsabilité individuelle quand l’Etat est loin d’assumer ses propres responsabilités et quand les entreprises – pour la plupart – tardent à opérer la nécessaire transformation des modes de production.

Dans cet effort obligatoirement collectif, l’Etat devrait être exemplaire. Force est de constater qu’il en est loin. Que ce soit en matière d’énergie dans les bâtiments publics, de consommation de papier, de gestion des véhicules de service, l’Etat peine à mettre en œuvre ces « petits gestes » qu’il demande aux administrés. Mais surtout, comment pouvons nous nous y retrouver, face aux incohérences du gouvernement qui un jour clôture en grande pompe le Grenelle de l’environnement et quelques temps plus tard nous dit que « l’écologie ça suffit ! ». Comment répondre aux injonctions d’un Etat qui en 2007 prône le développement des énergies renouvelables et en 2010 torpille une filière solaire en plein essor. La liste de ces aller et retour est trop longue : agriculture biologique encensée un jour, oubliée le lendemain, fret ferroviaire présenté comme priorité dans les discours et démantelé dans les faits…

L’Etat pourrait aussi accélérer la mutation des pratiques commerciales et industrielles en donnant un cadre progressivement plus contraignant aux entreprises. Reconnaissons au moins aux acteurs économiques qu’ils savent prendre l’avantage dès l’instant où les règles sont connues. Finalement, la rigueur des règles qui leur sont imposées est secondaire, dès l’instant où la règle est commune à tous les acteurs. Sous cette contrainte les entreprises savent parfaitement proposer des biens et des services qui seront au final moins impactantes et qui permettront aux citoyens de faire des choix plus vertueux.

Ce cadre contraignant délimité par l’Etat et les moyens alloués peuvent aussi pousser les collectivités locales à organiser une forme d’aménagement du territoire et des services qui faciliteront les changements de comportement des citoyens. En effet, si les transports collectifs restent structurellement déficients, comment blâmer les citoyens de ne pas abandonner leur véhicule personnel !

Attention, je n’entends pas pour autant exonérer les individus de leur responsabilité au motif que tout devrait venir de l’Etat et des entreprises. Je pense effectivement que les citoyens doivent changer leur mode de consommation chaque fois qu’ils en ont la possibilité. Mais surtout, il me semble qu’il faut qu’ils changent leur regard sur la puissance publique, qu’ils exercent une pression plus régulière sur l’autorité, qu’ils dirigent leur indignation – expression à la mode – vers les décideurs en exigeant de ceux-ci qu’ils mettent enfin leurs actes en cohérence avec leurs discours. Voilà un changement de comportement qui aurait vraiment de l’impact !

Bruno Rebelle
Ancien responsable de Greenpeace en France et à l'international
Directeur de Transitions, agence conseil en développement durable

http://www.developpementdurable.com/politique/2011/04/A5903/changer-tout.html

Bruno REBELLE

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