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"Face aux crises, une solution : la conversion écologique et sociale de notre société"

Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Lundi 4 Avril 2011 à 10:15 | 0 commentaire
Petit message à Michel Serres
Dans un entretien donné au JDD du 03 avril, Michel Serres, réagit à la catastrophe de Fukushima. Je ne suis pas certain d’avoir complètement compris le raisonnement qui l’amène à nous dire, après quelques détours, que tout cela n’est pas la fin du monde… que ce serait juste un changement d’ère.

En revanche je m’étonne qu’un penseur de cette trempe en soit encore à confondre, comme il le fait, électricité et énergie. Je peux comprendre qu’il laisse entendre que grâce à l’énergie surabondante que nous offrirait le nucléaire il puisse se déplacer sans compter de Paris à Londres et à Bruxelles, habitant comme il l’entend ce « PaLoBru ». Je comprends moins qu’il mette sur le même plan ces besoins de déplacements vers la Californie, besoins qui seraient assouvis grâce à la même abondance énergétique.

Ce faisant Michel Serre opère des raccourcis fâcheux et nous ressort la vieille rengaine : « Pour le moment on n’a pas de solution de rechange au nucléaire. On peut tout arrêter, mais on revient à la bougie ». Affligeant ! Le nucléaire, Monsieur le philosophe n’a jamais fait voler les avions. Tout au plus fait il avancer notre porte avion national le Charles de Gaulle, quand il n’est pas en panne. Il serait temps que les penseurs du moment fassent l’effort de la rigueur. Leur propos n’en serait que plus audible. Faut-il leur rappeler que l’énergie nucléaire ne fait « que » de l’électricité et que nos sociétés avides de déplacements en tout sens sont encore principalement dépendantes du pétrole transformé en carburant pour nos voitures, bon nombre de nos trains, nos bateaux et nos avions ?Devons-nous encore et encore leur redire que le nucléaire a l’échelle mondiale représente moins de 4% de la consommation énergétique et qu’une société qui ne saurait faire l’économie de 4% de consommation est bien mal préparée à relever les défis des siècles à venir qui seront ceux de la lutte contre le gaspillage ? Faut-il surtout leur répéter que les énergies renouvelables représentent au plan mondial beaucoup plus que l’énergie de l’atome et que l’investissement du futur est bien celui là ?

Ces raccourcis persistants et cette menace du retour à la bougie ne sont pas à la hauteur des propos d’un grand philosophe. Deux hypothèses pourraient expliquer ces déclarations. La première procéderait d’une forme de mépris pour la recherche d’alternatives à un choix technologique dont la catastrophe de Fukishima nous montre une nouvelle fois qu’il n’est pas maîtrisé par l’homme. La seconde tendrait à souligner combien la propagande nucléaire a fait son office dans tous les milieux, dans toutes les sphères de la société avec une morbide mais redoutable efficacité. Je pense pour ma part, en toute humilité, que la situation japonaise devrait effectivement nous conduire à changer d’ère, en passant du temps de la pensée unique – qu’elle soit économique, politique ou énergétique – au moment de l’interrogation constructive pour trouver sans cesse de nouvelles réponses aux certitudes d’hier qui s’effondrent dans le fracas des catastrophes naturelles industrielles qui meurtrissent le Japon et questionnent le monde entier.

Bruno Rebelle

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Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Mardi 29 Mars 2011 à 10:12 | 0 commentaire
Fukushima : vous avez dit accident ?
Je ne tiens plus… voilà plusieurs jours que je me retiens de pousser un coup de gueule… Hésitation motivée par l’impression que tout aurait déjà été dit… Mais ce matin encore, 29 mars 2011, la radio égraine une litanie de « nouvelles révélations » sans qu’à aucun moment, aucun journaliste, commentateur, décideur n’accepte de dénommer le drame de Fukushima pour ce qu’il est une CATASTROPHE industrielle du rang des Bhopal, Seveso… et Tchnernobyl.

Il est pourtant frappant de constater que dans les médias étrangers – anglo-saxons notamment – il y a plusieurs jours déjà que ce terme de catastrophe circule. On peut comprendre que l’Etat français, imprégné qu’il est du dogme nucléaro-industriel, ait quelques difficultés à reconnaître l’évidence : au delà d’un certain seuil un accident industriel dans une centrale nucléaire devient incontrôlable… On comprend moins pourquoi et comment les médias français continuent à s’autocensurer en évitant d’employer le mot fatal : catastrophe !

Quelques semaines après le drame japonais provoqué par la conjonction d’un tremblement de terre exceptionnel et d’un tsunami dévastateur, c’est tout l’argumentaire des nucléocrates qui s’effondre. Ceux là même avaient balayé d’un revers de main l’accident de Tchnernobyl, attribuant l’explosion du réacteur n°1 à une erreur humaine. Le lobby de l’atome s’en tirait à bon compte : les ingénieurs français ne pouvaient en aucun cas être comparés aux techniciens irresponsables, apprentis sorciers qui auraient poussé de manière irresponsable les tests de résistance des systèmes de sécurité de leur réacteur… jusqu’à l’emballement incontrôlé et jusqu’au drame dont toute une région paye encore – plus de 20 après - les conséquences. Tchnernobyl ne pouvait donc pas arriver en France !

Au lendemain du Tsunami qui a dévasté la région de Shendaï, les promoteurs du nucléaire franco-français ont sauté sur l’argument géographique : la France avec ces 58 réacteurs est naturellement à l’abri d’une telle conjonction de catastrophes naturelles. Et même si certaines centrales sont installées sur des zones sismiques reconnues elles ne peuvent certainement pas être « en plus » submergées par un tsunami. Dont acte… Mais le « problème » nucléaire n’est pas là. Quelque soit la cause initiale de l’incident nucléaire, ce que nous apprend – une nouvelle fois Fukushima – c’est qu’au delà d’un certain seuil l’emballement d’un réacteur nucléaire est incontrôlable. Il n’est donc pas très utile d’ergoter sur les évènements qui peuvent provoquer cet incident initial, il est surtout urgent d’admettre cette évidence : l’homme ne maîtrise pas la technologie nucléaire !

C’est pour cette raison, et pour bien d’autres qu’il faut au plus vite dessiner une autre politique énergétique qui s’affranchisse du risque nucléaire comme elle devra s’affranchir du risque climatique.

Bruno Rebelle

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Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Mercredi 9 Mars 2011 à 14:45 | 0 commentaire
Gaz de schiste du Québec à la France : deux traitements du sujet
Les gaz des schistes suscitent des débats houleux, aux Etats Unis, en France et au Québec. Le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec, Pierre Arcand, vient de rendre le rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur le développement de l’industrie des gaz de schiste au Québec. Le BAPE est un peu l’équivalent de notre Commission nationale du débat public. Un peu seulement car la CNDP fait bien pâle figure à coté du BAPE. Que ce soit en matière d’indépendance, de densité des études et rapports publiés ou de transparence des concertations, notre système français gagnerait beaucoup à s’inspirer des mécanismes canadiens d’évaluation des risques environnementaux et de conduite des débats publics.

Il n’est dès lors pas surprenant de constater que le Ministre québécois conditionne la poursuite des travaux d’exploration des gisements potentiels de gaz de schistes à la mise en œuvre d’un processus d’évaluation environnementale stratégique, suivant en cela la principale recommandation du rapport du BAPE qui fait 43 constats sur la problématique et n’émet pas moins d’un centaine d’avis pour traiter cet épineux dossier.

Un des principaux constats du rapport du BAPE est de souligner l’état très parcellaire des connaissances autour des gaz et huiles de schiste, des modalités de leur extraction et des impacts environnementaux de cette exploitation. La mise en œuvre d’une évaluation approfondie semble donc l’attitude de précaution la plus responsable. Certains, l’industrie québécoise notamment, voient dans cette investigation supplémentaire un moratoire qui cache mal son nom. D’autres, les écologistes les plus radicaux, interprètent cette décision comme une façon habile pour le gouvernement québécois de gagner du temps au moment où sa côte d’impopularité bat des records. J’y vois pour ma part, une forme de sagesse qui consiste à analyser plus en profondeur les tenants et les aboutissants d’une problématique encore mal connue. J’y vois aussi une façon intelligente de consolider une position consensuelle et de pacifier les débats.

Je suis d’autant plus confiant que l’on parle bien d’une évaluation environnementale stratégique dont l’objet serait au delà de « l’évaluation des impacts et des risques environnementaux et la définition des seuils d’acceptabilité et des méthodes de mitigation appropriée » de cerner « la pertinence socio-économique de l’exploitation » de cette ressource. Tout est là : c’est bien l’interrogation de la pertinence du développement de cette nouvelle technologie. Une pertinence qui, bien évidemment, doit être analysée, au Québec comme en France, en rapport aux enjeux des politiques énergétiques nationales et internationales : sécurité d’approvisionnement, lutte contre le changement climatique, protection de l’environnement local…

Faisons donc le pari qu’après s’être donné 6 mois (de septembre 2010 à février 2011) pour conduire une première série d’audiences, recevoir presque 200 rapports et contributions de toutes origines et produire un rapport déjà très complet recommandant de conduire une évaluation environnementale stratégique, les autorités de la « Belle province » engageront avec le même sérieux un questionnement de qualité sur la pertinence d’exploiter, dans des conditions problématiques, des combustibles fossiles dont le monde, en général, et le Canada, en particulier, devraient apprendre à se passer.

Espérons aussi, que notre ministre française de l’écologie ait la sagesse d’engager une telle évaluation stratégique avant que les citoyens, les associations et les territoires concernés ne l’imposent. Le débat y gagnerait en qualité et en perspective.

Bruno Rebelle

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