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"Face aux crises, une solution : la conversion écologique et sociale de notre société"

Billets / Tribunes

| Par Bruno REBELLE | Mardi 18 Janvier 2011 à 22:14 | 0 commentaire
Transformation de l’agriculture : le dialogue (presque) impossible.
Les concertations préalables à l’élaboration des plans climats territoriaux génèrent bien souvent des débats profonds sur des sujets fondamentaux. Considérant, par exemple, un territoire mixte, associant espace rural et petites villes, il est incontournable d’aborder la nécessaire mutation de l’agriculture, responsable de près de 20% des émissions de gaz à effet de serre.

A l’occasion d’un exercice récent, au cœur de la Vendée, j’ai pris l’option d’organiser le débat autour des enjeux de production et de consommation responsable, invitant les acteurs sociaux économiques réunis à traiter séparément les questions concernant l’évolution attendue de l’agriculture et de l’industrie. Si le débat sur les biens et services industriels n’est pas simple, il avance sans grosse difficulté dans la mesure où les représentations qu’ont les débatteurs de l’industrie – ici la petite industrie – sont relativement convergentes.

Rien de tel concernant l’agriculture où l’on voit apparaître, une différenciation de plus en plus forte entre deux « modèles » agricoles.

D’un côté, une agriculture qualifiée de conventionnelle pour éviter de dire productiviste. En fonction du point d’observation et des observateurs ce modèle sera présenté, soit comme la seule voie pour nourrir le monde – en qualité et en quantité - et pour produire les agro-matériaux et agrocarburants qui permettront de sortir notre société de la dépendance au pétrole, soit comme l’impasse fatale qui détruit les sols, pollue les nappes phréatiques, détruit la biodiversité et l’emploi en zone rurale.

De l’autre, une agriculture dite paysanne, qui là aussi fait l’objet de perceptions diamétralement opposées : agriculture de niche tout juste adaptée à satisfaire les désirs de naturalité des bobos des villes, pour les uns; seule solution pour garantir la durabilité d’une production alimentaire sûre et saine, dans le respect des contraintes écologiques de la planète et seule option pour maintenir la dynamique démographique, économique, sociale et culturelle des territoire ruraux, pour les autres.

Cette cartographie du débat ne serait pas complète si l’on omettait de préciser que les promoteurs de tel ou tel modèle se répartissent de manière équilibrée entre agriculteurs et non agriculteurs. Ainsi il est possible de superposer la rencontre d’un éleveur bio s’opposant à un urbain « traditionnel » s’approvisionnant exclusivement dans la grande distribution, avec la confrontation d’un bobo partenaire d’une AMAP, débattant avec un céréalier de la Beauce. Il est surtout évident que ces positions et perceptions, aussi légitimes soient elles, ne font que polariser les échanges et stériliser l’intelligence collective. D’autant que les agriculteurs sont, en règle général, en souffrance profonde, fatigués d’être régulièrement pointé du doigt comme responsables de bien des maux : impact néfaste de leurs activités sur l’environnement ; standardisation des productions ; perte de goût des produits ; consommation de subventions ; utilisation excessive d’intrants chimiques… sans que soit ouvertement reconnu leur contribution à la souveraineté alimentaire de l’Europe, mandat qui leur avait été donné au lendemain de la 2ème guerre mondiale. Il est dès lors, dans cette architecture des positions et des perceptions, quasiment impossible de faire progresser le débat pour identifier les pistes d’une mutation d’envergure de l’agriculture actuelle.

La seule option pour débloquer cette situation serait, me semble-t-il, de forcer l’échange entre producteurs conventionnels et producteurs paysans en faisant l’effort de souligner ce que sont les forces et les faiblesses de chacun des modèles, ce qui les différencie, mais aussi ce qui les rapproche ou ce qui pourrait les rapprocher. Ce forçage est possible, surtout si l’on part du principe que les agriculteurs – quelque soit le modèle vers lequel ils s’orientent – sont d’abords des gens de la terre, des gens attachés à l’espace rural et donc des acteurs a priori motivés pour rechercher et mettre en œuvre le meilleur compromis entre productivité et durabilité de la production. Partons donc du postulat que les agriculteurs sont aussi des citoyens empreints de responsabilité et soucieux de durabilité.

Nous parlons bien ici de rapprochement entre les producteurs et pas d’échanges entre les instances soit disant représentatives de ces producteurs. Je crains en effet qu’à cette échelle les postures sont bien trop verrouillées par les enjeux du moment sur les aides à l’agriculture, l’évolution de la PAC ou la régulation des marchés.

C’est en repartant du terrain qu’il sera possible de faire émerger des pistes de transformation, des évolutions structurant progressivement l’émergence de nouvelles pratiques. C’est « par dessus le talus » ou « au bords du champ » que l’on pourra reconstruire la confiance mutuelle entre ces producteurs sortis initialement du même creuset mais qui ont probablement plus subit que conduit les évolutions de ces dernières années, évolutions qui aboutissent aujourd’hui à cette divergence des modèles, divergence stérilisante.

Ce rapprochement devra être conduit sans angélisme, et, autant que faire se peut, en s’appuyant sur des faits concrets et des données partagées pour qualifier l’état actuel de notre agriculture, dans toutes ses composantes : économique, écologique, culturelle, sociale, sans bien sur oublier la qualité des produits ou les incidences internationales des choix opérés en Europe. Programme ambitieux certes, mais pouvons nous encore faire l’économie de cette analyse concertée, de cette construction collective de l’agriculture de demain ?

Et puis, s’il n’est pas nécessaire d’être certain pour entreprendre… il est surtout important de regarder qu’ici où là des échanges de cette nature voient déjà le jour, comme on peut l’observer en Bretagne où certains maraîchers bio échangent régulièrement avec leurs collègues conventionnels pour faire évoluer les pratiques des uns des autres, pour le meilleur cette fois ! Exemples à suivre et débat à poursuivre.

Bruno Rebelle
Praticien et promoteur d’un développement vraiment durable

Bruno REBELLE

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Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Mercredi 5 Janvier 2011 à 13:00 | 0 commentaire
Hésitations non durables
La fin de l’année 2010 a été marquée par la valse hésitation du gouvernement sur les modalités d’accompagnement du développement de la filière photovoltaïque. Une mauvaise valse, dont le dernier temps est un temps d’arrêt. Un coup de semonce pour une industrie en devenir a qui on annonce soudainement qu’un brouillard à couper au couteau étouffe toute exercice de prospective.

Bien sûr il fallait revoir certaines règles, certains tarifs et certaines exonérations d’impôts. Mais pourquoi diable le faire avec autant de brutalité et surtout aussi peu de perspective. Tant de choses ont été dites sur le sujet, tant de critiques ont été formulées qu’on aurait pu penser que le gouvernement comprendrait qu’il y avait au delà du sujet technique un problème de méthode. Et bien non, une fois de plus l’autisme gouvernemental le plus crasse aura repris le dessus et début 2011 on remet cela dans un autre domaine.

Cette fois ce sont les aides à la conversion en agriculture biologique qui sont amputées. Si un des arguments pour mettre un coup d’arrêt au développement du solaire était que la France aurait déjà atteint voire dépasser ses objectifs de développement dans le photovoltaïque - objectifs pourtant très en deçà des capacités réelles et surtout des pratiques des pays voisins – rien de tel pour le bio.

Certes le taux de conversion d’exploitation en bio a très fortement progressé ces deux dernières années mais la production française est encore très loin de répondre à la demande également croissante.

Au delà des débats stratégiques et des arguties techniques sur les fausses bonnes raisons de ces mesures dites d’économies, il convient surtout de souligner l’incohérence de politiques dénuées de toute continuité alors même qu’elles sont sensées accompagnées des transformations de long terme.

L’industrie du photovoltaïque ne peut se développer en un an. Comment peut on se plaindre que les panneaux solaires sont construits en Chine et prendre des mesures qui refrènent l’implantation d’une usine de fabrication sur l’Ecoparc de Blanquefort à coté de Bordeaux, les investisseurs ayant été logiquement refroidis par l’effondrement des mesures de soutien à l’installation de panneaux photovoltaïques. Comment passer sous silence les dizaines de milliers d’emplois, dans les secteurs connexes de l’équipement et de l’installation, des emplois non délocalisables qui se trouvent en souffrance du fait de l’absence de progressivité dans les changements des règles du jeu économique.

De la même façon, la conversion d’une exploitation agricole en agriculture biologique est un processus long qui demande au moins 3 ans d’engagement. C’est aussi un processus qui nécessite une visibilité sur le marché à moyen et long terme.

Comment engager la mutation écologique et sociale de l’économie dans un contexte où le gouvernement dit blanc hier et noir aujourd’hui. Il ne sert à rien de souligner les ambitions du Grenelle environnement et de faire l’apologie de l’économie verte, si on accompagne pas ces déclarations de la cohérence nécessaire sur le moyen et le long terme.

Il est grand temps de sortir de la gestion du quotidien et de passer à la mise en perspective. Gouverner c’est prévoir, gouverner c’est accompagner les changements de long terme…
Ce n’est pas l’image qui nous est donnée aujourd’hui où la Ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko Morizet semble passer plus de temps à gérer les stocks de glycol des aéroports parisiens qu’à tracer les perspectives qui donneront aux entreprises qui font le pari d’une mutation profonde de leurs pratiques, la visibilité et la sécurité dont elles ont besoin.


Bruno Rebelle

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Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Mercredi 5 Janvier 2011 à 12:52 | 0 commentaire
2011 : Indignation émerveillée
Je vous présente à tous et toutes mes meilleurs vœux pour vous, vos familles, vos proches et vos projets. Après 2010 et la « sobriété heureuse », je vous invite à porter en 2011 l'ambition d'une "indignation émerveillée".

Indignation car l'état de déliquescence sociale, écologique et morale de notre société appelle à la révolte quotidienne. Une révolte sans complaisance pour traquer les raccourcis fâcheux, les mensonges structurels, les hypocrisies récurrentes et les hésitations coupables.

Émerveillée car dans cette situation très préoccupante, il est encore possible de s'émerveiller de certaines beautés encore préservées du monde, et de s’émerveiller plus encore de la richesse des relations humaines. Nous prendrons alors conscience que dans ce monde de ressources finies ces richesses constitueront un nouvel infini dont l’exploitation sera sans aucun doute durable.

Ne vous y méprenez pas ces vœux ne sont pas des vœux pessimistes. Certes l’indignation est pessimiste si elle ne débouche pas sur l’action. L’émerveillement peut n’être que contemplatif s’il ne se prolonge pas par l’implication.

Je fais le pari que l’indignation, stimulée par l’émerveillement, est un encouragement permanent à la construction de solution, sans complaisance et avec la conviction que le temps des constats est dépassé et qu’il faut maintenant prendre le risque d’inventer de nouvelles pratiques, prendre le risque aussi d’aller chercher les ennemis d’hier pour les pousser sur le chemin du changement.

Je fais aussi le pari que l’émerveillement, toujours en danger par ce qui nous doit nous indigner, est un stimulant majeur pour sortir de la critique – utile et nécessaire – et accélérer par tous les moyens, en tous lieux et toutes circonstances la mutation écologique et sociale de notre société.

Alors, pas de temps à gaspiller. Aux actes citoyens !

Bruno Rebelle

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