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"Face aux crises, une solution : la conversion écologique et sociale de notre société"

Billets / Tribunes

| Par Bruno Rebelle | Jeudi 25 Novembre 2010 à 07:49 | 0 commentaire
Les villes à l’épreuve de lutte contre le changement climatique
A quelques jours de l’ouverture de la Conférence de Cancun, sur le climat, des maires de 43 pays ont signé le pacte mondial des villes pour le climat. En adoptant ce « Pacte de Mexico » les 138 villes représentées se positionnent comme des acteurs incontournables dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’engagement est remarquable, tant il est vrai que c’est à l’échelle des agglomérations qu’il est nécessaire d’agir prioritairement. En effet, ces collectivités urbaines concentrent les secteurs les plus émetteurs : le bâtit (résidentiel ou tertiaire) et les déplacements. Naturellement, c’est donc à cette échelle que les décideurs doivent engager les mesures structurantes qui permettront sur le long terme de réduire les émissions d’origine urbaines, en travaillant sur la forme urbaine, en limitant l’étalement, en repensant les réseaux de transports et les stratégies de gestion de la mobilité des personnes et des marchandises, ou en imposant que chaque nouvelle construction, que chaque nouvel équipement soit pensé en fonction de sa contribution directe et indirecte à la réduction des émissions de GES.

L’avancée la plus remarquable proposée par le Pacte de Mexico, est certainement la constitution d’un registre carbone, qui permettra à terme de comparer les performances des différentes villes signataires. En effet, si l’on a pu voir se multiplier, depuis quelques années, les Plans climats territoriaux, il reste difficile d’évaluer l’efficacité de ces plans qui ne sont pas toujours doter d’objectifs chiffrés suffisamment détaillés pour en permettre le suivi. Dès lors les autorités qui les pilotent s’en sortent plutôt bien en valorisant le fait qu’elles ont pris – elles – des engagements et qu’elles sont passées à l’action, sans être confrontées à la sanction d’une évaluation qui viendrait comparer, après quelques années, les ambitions énoncées avec la réduction effective des émissions.

Le registre proposé à Mexico devrait pallier cette carence actuelle d’indicateurs. Il devrait aussi, sous réserve d’assurer la cohérence des méthodes de mesure utilisées par les différentes villes, permettre de comparer l’efficacité de différentes stratégies. Une telle approche encouragerait alors les échanges d’expériences et générerait une saine émulation entre collectivités. Pour faire face à l’enjeu climatique, nous aurons bien besoin de cette émulation et de cette mise en synergie des diverses initiatives.

Surtout, cette mesure plus fine des objectifs et des impacts permettra probablement de mettre en évidence le fait que les collectivités doivent aussi redoubler d’efforts sur un domaine qu’elles avaient jusque là insuffisamment pris en compte, à savoir la mobilisation de leurs administrés. En effet, un plan climat territorial, aussi pertinent soit-il, ne permet à la collectivité d’influencer directement que 15 à 20% des émissions de son territoire. Une part très significative des 80 à 85% restant dépend, avant toute chose, des choix effectués par les habitants et les usagers en matière de logement, de déplacement et surtout de consommation de biens et de service. En d’autres termes, il ne suffit pas qu’une ville mette à disposition de ces habitants un dispositif de transport collectif très performant, il faut encore que ces habitants acceptent de laisser leur voiture au garage et montent effectivement dans le bus, le tram ou le métro… Il est donc impératif qu’au delà des politiques nouvelles d’aménagement, de logement ou de transport que les villes engagées pour le climat mettent en œuvre les moyens nécessaires pour pousser leurs administrés à adopter des modes de vies plus économes et moins émetteurs. Faisons le pari que la relation de proximité qui lie le maire ou le président d’une communauté urbaine à ses habitants permette de convaincre ces administrés d’engager les transformations nécessaires. Mais ne négligeons pas l’ampleur de la tâche et invitons donc les villes signataires du Pacte de Mexico à allouer à cette mobilisation les moyens suffisants. Ce rappel n’est pas superflu. Il est toujours plus facile de financer le hard – la ligne de bus – que le soft – la concertation pour faire évoluer la mobilité… Pourtant c’est bien du hard ET du soft dont nous avons besoin.

Bruno Rebelle

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